En juillet 1967, d'importantes émeutes ont lieu à Détroit dans le Michigan, pour protester contre la ségrégation raciale aux États-Unis et la guerre du Viêt Nam. La police de Détroit reçoit des plaintes à propos de pillages, d'incendies et de tirs d'armes à feu. Les forces de l'ordre encerclent l'Algiers Motel d'où semblent provenir des détonations, et où va se dérouler l'affaire du Motel Algiers. Dans ce chaos, Melvin Dismukes, un agent de sécurité privé afro-américain, tente de survivre tout en protégeant ses semblables.
Ce que j'en dis !
Même si « certains passages ont été adaptés et imaginés à partir de souvenirs des participants et de documents disponibles », Detroit n'en demeure pas moins un excellent film qui relate avec une vérité aussi révélatrice qu'effrayante les événements troubles qui ont eu lieu au Motel Algiers de Détroit dans la nuit du 25 au 26 juillet 1967, pendant les émeutes raciales de cette ville (l'une des émeutes les plus meurtrières et les plus destructrices de l'histoire des États-Unis). La mise en scène percutante de Kathryn Bigelow distille la trame historico-dramatique de Detroit sur 3 actes (avec introduction et épilogue).
Introduction : Très bien faite sous forme de petit film d'animation, elle rappelle rapidement les conditions de vie difficiles des Noirs américains depuis la Première Guerre mondiale.
1er acte : Elle se concentre sur les émeutes de 1967 à Détroit en mêlant savamment des images d'archives aux scènes filmées. Lors de ce 1er acte, la tension monte graduellement, histoire se « mettre dans l'ambiance », jusqu'à la seconde partie...
2ème acte : Les faits relatés ici sont uniquement ceux qui se sont déroulés au Motel Algiers. Une seconde partie très longue ? Peut-être mais c'est certainement voulu par la réalisatrice pour mettre en exergue un huis-clos oppressant et d'une violence parfois insoutenable. Montrer la violence de ces brutalités policières pour mieux la dénoncer...
3ème acte : Enquête et procès. Un verdict inacceptable mais finalement pas surprenant dans le sens où il correspond bien à une certaine mentalité américaine de l'époque.
Épilogue : Il fait le point sur le devenir des protagonistes de cette terrible affaire...
Côté interprétation, trois noms sont à retenir. John Boyega, l'agent de sécurité, excellent et bien loin de son rôle de Finn dans Star Wars. Will Poulter, magistral dans son interprétation d'un jeune policier aussi vicieux que raciste, il est bien loin le petit Will Poulter qui jouait le personnage de Eustache Scrubb dans Le Monde de Narnia en 2010. Enfin, Algee Smith dans le rôle de Larry, émouvant dans son rôle de chanteur à la voix d'or (sa véritable voix car Algee Smith n'est pas seulement acteur), un chanteur dont l'avenir semblait tout tracé.
Detroit est un film au fort pouvoir informatif, un film qui fait curieusement et furieusement écho au contexte social actuel très tendu des États-Unis.
Et comme le dit l'historien français François Durpaire, spécialiste des États-Unis et des minorités : « Le spectateur blanc américain n'est pas encore prêt à voir ce type d'oeuvre. » À réfléchir...
JLS - 02/04/2018
Avant même sa sortie, le film a suscité une controverse sur les origines anglo-norvégiennes de la réalisatrice Kathryn Bigelow et donc de sa légitimité à traiter de ce sujet de l'histoire afro-américaine, ce qui aurait pu grandement affecter les recettes du film. Pour le scénariste Mark Boal, qui a fait relire ses brouillons par l'historien Jelani Cobb, ces critiques viendraient surtout de « journalistes blancs ». John Boyega a également défendu le traitement par Bigelow de l'histoire.
source Wikipédia
Un tableau de la collection Migration Series qui a inspiré l'introduction du film.
The Migration Series, initialement intitulé The Migration of the Negro, est une série de tableaux du peintre afro-américain Jacob Lawrence qui dépeint la migration des Afro-Américains du sud vers le nord des États-Unis à partir du début des années 1910.
source Wikipédia
Les trois policiers et l'agent de sécurité inculpés lors du procès du Motel Algiers. De gauche à droite : les policiers David Senak - 25 ans -, Ronald August - 31 ans -, Robert Paille - 34 ans - et l'agent de sécurité Melvin Dismukes - 26 ans -. Tous les quatre suspects, ils sont tous acquittés à l'issue du procès.
Les trois jeunes Noirs tués à bout portant dans le Motel Algiers. Aujourd'hui encore, les circonstances de leur mort ne sont pas clairement établies. De gauche à droite, Fred Temple (18 ans), Aubrey Pollard (19 ans) et Carl Cooper (17 ans).
The Roots and Bilal : It Ain't Fair, la chanson du générique de fin
Ma note
Acteurs
John Boyega, Will Poulter, Algee Smith, Jacob Latimore, Jason Mitchell, Hannah Murray, Jack Reynor, Kaitlyn Dever, Ben O'Toole ...